NF-κB est une famille de protéines, qui regroupe plusieurs facteurs de transcription, dont les effets sont bien connus sur le plan de la réponse immunitaire. Si, depuis de nombreuses années, des études ont mis en évidence son implication dans le développement et la progression des cancers; l’équipe de Véronique Baud, Directrice de recherche à l’Inserm et Directrice de l’Unité de recherche « NF-kappaB, Différenciation et Cancer » à Université Paris Cité, a révélé le nouveau potentiel thérapeutique de NF-κB dans une étude publiée dans la revue Trends in Cancer en avril 2020.

Cellule invasive de cancer du sein.
@Véronique Baud
Bien que les taux de mortalité aient diminué ces dernières années, le nombre de cancers continue à augmenter dans la population. Cette maladie, incurable dans de nombreux cas, représente toujours un défi médical évident à l’échelle internationale. La littérature scientifique a mis en évidence une activation anormale de NF-κB dans de très nombreux cancers. Aussi, une meilleure compréhension des fonctions et des régulations de ces facteurs apparaît comme essentielle pour le développement de nouveaux traitements anti-cancer et une meilleure prise en charge des patients.
Facteur clef de la reprogrammation du métabolisme et l’évasion de l’immunité anti-tumorale
« La nouvelle ère de la thérapie du cancer, basée sur la génétique et la génomique du cancer ainsi que sur une meilleure connaissance des caractéristiques du cancer, a rajeuni notre vision du potentiel thérapeutique de NF-κB » explique Véronique Baud. En effet, le rôle de NF-κB a récemment émergé comme un facteur clef dans les nouveaux grands marqueurs du cancer que sont la reprogrammation du métabolisme et l’évasion de l’immunité anti-tumorale. « Il en est de même pour la génétique et la génomique des cancers qui ont mis en lumière combien les altérations génétiques aboutissant à une dérégulation de l’activité de NF-κB peuvent permettre une sélection optimisée des patients les plus enclins à répondre à un traitement personnalisé » poursuit-elle. L’implication thérapeutique de ces découvertes est immédiate : elles ont ainsi conduit à une meilleure prise en charge personnalisée des patients et à de nouvelles combinaisons de médicaments utilisant des thérapies de pointe.
Perspectives
« Le décryptage précis des rôles de NF-κB au sein de la nouvelle génération des marqueurs du cancer contribuera sans aucun doute à l’élaboration de nouvelles stratégies anticancéreuses et/ou à l’amélioration de l’efficacité des thérapies anticancéreuses existantes » affirme la Directrice de recherche. En outre, la génomique et la génétique appliquées à NF-κB vont permettre une meilleure identification des altérations génétiques, mais aussi de déterminer les signatures d’expression génique et métaboliques contrôlées par NF-κB. Les progrès récents dans la compréhension de la régulation fine de NF-κB (telles les modifications post-traductionnelles et les gènes cibles spécifiques de NF-κB) participeront également à l’émergence de nouvelles classes de médicaments inhibiteurs de ces facteurs. « À l’heure de la médecine personnalisée, cela devrait permettre de définir les traitements anticancéreux les plus adaptés et de développer des biomarqueurs diagnostique et pronostique de la réponse des patients à l’inhibition de NF-κB » conclut Véronique Baud.
Étude publiée par Véronique Baud, Baptiste Eluard et Catherine Thieblemont, dans la revue Trends in cancer en avril 2020
Lien vers l’étude : https://doi.org/10.1016/j.trecan.2020.04.003
Le laboratoire NF-kappaB Différenciation et Cancer est pionnier dans la mise en place d’un essai clinique ciblant les dérégulations du métabolisme dans les lymphomes, des cancers du sang très fréquents. Pluridisciplinaire, l’équipe du laboratoire est composée de chercheurs (dont le Dr. Véronique Baud, Directeur de Recherche, INSERM, Directrice de l’Unité de recherche) et de médecins (dont le Prof. Catherine Thieblemont, chef du service du département d’Onco-Hématologie, Hôpital Saint-Louis – 1erservice clinique de France pour le traitement des lymphomes et le Prof. Thierry Molina, chef de service du département d’anatomopathologie, Hôpital Necker) de niveau international permettant d’accélérer l’application des résultats scientifiques du laboratoire vers les soins aux patients (« from the bench to the bedside »).
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