Kristel Chanard est géophysicienne de l’Institut national de l’information géographique et forestière (IGN) dans l’équipe de géodésie de l’Institut de Physique du Globe de Paris, établissement-composante de l’Université Paris Cité. Ses travaux de recherche se situent à l’interface entre géodésie, géophysique et hydrologie. En développant l’hydrogéodésie, elle participe activement à mieux comprendre et à gérer les ressources en eau, un enjeu crucial pour notre avenir. Dans ce témoignage, elle revient sur son parcours et son engagement en faveur d’une science plus inclusive.

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Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?
Je n’ai pas grandi dans un environnement où devenir scientifique allait de soi. C’est par curiosité, et un peu par hasard, que je me suis tournée vers les sciences. Après une classe préparatoire, c’est à l’École Normale Supérieure (ENS) que j’ai découvert les géosciences. J’ai été fascinée par les forces qui façonnent les chaînes de montagnes, par l’influence du climat sur ces formations de roches, et par les répercussions sociétales de certains des processus en jeu. J’ai aussi aimé la diversité des approches: le terrain, le laboratoire, la théorie, les simulations numériques, ainsi que le croisement possible des disciplines, tout cela au service de la compréhension des phénomènes naturels. C’est ce qui m’a poussée à poursuivre mes études en thèse. J’ai obtenu un doctorat en géophysique à l’ENS en 2015. Après un postdoctorat à l’Université de Lausanne, j’ai été recrutée en 2017 en tant que chargée de recherche de l’Institut national de l’information géographique et forestière, et j’effectue depuis mes recherches à l’Institut de Physique du Globe de Paris, établissement-composante de l’Université Paris Cité. Depuis, j’ai reçu plusieurs distinctions pour mes travaux, dont la médaille de bronze du CNRS en 2024.
Quel est votre domaine de recherche et sur quels projets travaillez-vous actuellement ?
Mes travaux de recherche se situent à la croisée de la géodésie, de la géophysique et de l’hydrologie. Je cherche à mesurer et à comprendre comment la Terre solide se déforme sous l’effet des mouvements des masses d’eau à sa surface, qu’il s’agisse de lacs, de rivières, d’eaux souterraines, d’océans ou de glaciers. Je suis particulièrement investie dans le développement de l’hydrogéodésie, une discipline émergente mêlant observations de géodésie spatiale et modèles physiques pour suivre, comprendre et, à terme, anticiper l’évolution de nos ressources en eau, un enjeu crucial pour l’avenir de nos sociétés. Je m’intéresse également à ce que ces déformations de la Terre solide, sous l’effet des déplacements des masses d’eau, peuvent nous apprendre sur les matériaux qui la composent. Je m’intéresse également à leurs conséquences sur les référentiels géodésiques qui sont indispensables au quotidien pour la navigation ou l’agriculture, et à leur impact possible sur les tremblements de terre.
Vous êtes impliquée dans diverses actions de médiation scientifique : pouvez-vous nous en dire plus ?
Je considère que la médiation scientifique fait partie intégrante de mon travail, et c’est un aspect que j’aime particulièrement. J’ai participé à des émissions comme C’est toujours pas sorcier, à des documentaires comme La Valse des continents et à des livres de vulgarisation comme Comment les scientifiques savent… ? (CNRS Éditions). Je donne régulièrement des conférences grand public et interviens dans les médias pour rendre visible le métier de chercheuse et de chercheur, les géosciences et les enjeux de l’évolution du cycle de l’eau. Mais ce que je préfère, ce sont les interventions en classe. Je commence souvent en demandant aux élèves de dessiner une ou un scientifique : les représentations sont très stéréotypées. Et puis on en discute, et j’espère que l’idée de devenir scientifique devient une possibilité pour chacune et chacun.
Avez-vous un message à adresser aux femmes et aux jeunes filles intéressées par les sciences ?
Si vous êtes une femme ou une jeune fille qui souhaite faire carrière dans les sciences, mon message est simple : lancez-vous ! La science a besoin de diversité, de regards nouveaux, de voix qu’on entend encore trop peu. Bien sûr, il y aura peut-être des obstacles à surmonter parce qu’il ne suffit pas de dire aux femmes qu’elles sont les bienvenues en sciences… encore faut-il que les conditions soient réellement réunies pour qu’elles s’y sentent à leur place. C’est pour ça que nous œuvrons à faire évoluer nos institutions, pour qu’elles soient réellement inclusives et accueillantes, et que chacune et chacun puisse y trouver sa place.
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