Des travaux menés par Béatrice Blondel (Inserm Équipe de recherche en épidémiologie obstétricale, périnatale et pédiatrique – Université Paris Cité) avec Odile Launay (CIC Cochin Pasteur – AP-HP) soulignent que la couverture vaccinale contre la grippe saisonnière reste particulièrement faible chez les femmes enceintes en France (7,4 % pendant la saison 2015-16). Malgré les risques de complications sévères, les futures mères ne reçoivent pas souvent de proposition de vaccination au cours de leur suivi et refusent souvent cette vaccination. Les résultats de cette étude sont publiés dans la revue Human Vaccines and Immunotherapeutics.

Contact chercheur
Béatrice Blondel
01 42 34 55 85 / 06 79 72 52 96
beatrice.blondel@inserm.fr
Odile Launay
01 58 41 28 60
odile.launay@aphp.fr
Depuis 2012, les autorités sanitaires françaises recommandent que toutes les femmes enceintes soient vaccinées contre la grippe. Les données de la littérature scientifique suggèrent en effet qu’elles-mêmes et leurs nouveau-nés sont plus à risque de développer des complications graves de la maladie.
Toutefois, en France, la couverture vaccinale des femmes enceintes reste faible. Dans leur étude, la chercheuse Inserm Béatrice Blondel et ses collègues estiment qu’elle était de 7,4 % pendant la saison 2015-16. Pour parvenir à ce résultat, l’équipe s’est appuyée sur les données issues de l’enquête nationale périnatale, une grande étude menée par l’Inserm périodiquement en France depuis 1995 dans le but d’évaluer l’état de santé des mères et de leurs nouveau-nés et les pratiques médicales pendant la grossesse et l’accouchement.
Près de 12 000 femmes ayant donné naissance en mars 2016 ont accepté de participer. « Le fait qu’elles aient accouché en mars était intéressant pour notre étude, car cela signifie qu’elles étaient enceintes pendant toute la période de vaccination et au moment de l’épidémie de grippe, et donc qu’elles étaient complètement concernées par les mesures de vaccination », souligne Béatrice Blondel.
Ces femmes ont été interrogées afin de savoir si elles avaient été vaccinées contre la maladie pendant leur grossesse, mais aussi par quel professionnel de santé le suivi prénatal avec été réalisé. Au-delà des estimations de la couverture vaccinale, les chercheurs ont analysé les facteurs favorisant la vaccination, ainsi que les raisons pour lesquelles une grande majorité de femmes n’y avaient pas eu recours.
Méconnaissance et suspicion envers la vaccination
L’analyse des caractéristiques socio-démographiques des participantes à l’étude révèle que les femmes enceintes qui se font le plus vacciner sont plutôt âgée de 30 à 34 ans, ont un niveau de diplôme plus élevé, et travaillent plus souvent dans le secteur de la santé.
Par ailleurs, les femmes dont le médecin principal pendant la grossesse était un généraliste ont aussi un taux de couverture vaccinale plus important. « Le problème en France est que les principaux professionnels chargés du suivi prénatal, les gynécologues-obstétriciens et les sages-femmes, ne se sont pas emparés de cette question, et n’ont pas intégré systématiquement la vaccination dans le déroulé de la surveillance prénatale », précise Béatrice Blondel.
L’étude suggère qu’un travail de sensibilisation mené à la fois auprès des femmes et des soignants est nécessaire. En effet, seul un quart des mères interrogées disent avoir reçu une proposition de vaccination au cours de leur suivi prénatal. Parmi elles, 70 % ont refusé ce vaccin. Des campagnes ciblées rappelant que les femmes enceintes font partie des populations à risque et incitant les soignants à proposer le vaccin pourraient avoir un impact positif. Dans ce contexte, les soignants impliqués dans le suivi prénatal étant nombreux et dispersés, le rôle des associations professionnelles dans cette sensibilisation pourrait être déterminant.
« Par ailleurs, il faut s’adresser aux femmes pour les informer sur les bénéfices avérés de la vaccination. En France, les réticences vis-à-vis des vaccinations sont particulièrement fortes dans la population générale ; de plus le principe de précaution vis-à-vis des médicaments est très fortement ancré dans le comportement des femmes enceintes. Le cumul de ces deux attitudes contribue à expliquer la faible couverture vaccinale. Toutefois, le fait que la campagne vaccinale nationale 2019 inclut les femmes enceintes devrait favoriser une meilleure adhésion des professionnels de santé et de ces femmes », conclut Béatrice Blondel.
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