Quand
8 octobre 2020, 18h30-20h30
Où
Campus Grands Moulins – 6e étage – salle 681 C
5 rue Thomas Mann – Paris 13e
Sur zoom à partie du site du collège international de philosophie : www.ciph.org
Association organisatrice : Antiquité, territoire des écarts
Programme initié et préparé par Carole Boidin, Tristan Mauffrey, Maxime Pierre et Antoine Pietrobelli

Répondante : Julie Giovacchini (CNRS — Centre Jean Pépin)
Cette intervention développera l’un des dossiers abordés dans mon ouvrage à paraître (Épicure aux enfers, Fayard, 2021) sur les représentations d’Épicure et de l’épicurisme au Moyen Âge, qui tend à contester l’idée traditionnellement admise d’un « retour d’Épicure » à la Renaissance, après un ensevelissement de sa mémoire depuis l’Antiquité.
Pour comprendre la réception médiévale d’Épicure, il faut distinguer l’image de l’épicurien hérétique, dont les théologiens faisaient usage dans leur théologie pastorale et que l’on retrouve au sixième cercle de l’Enfer chez Dante, et le discours savant qui tend, dès le xiie siècle, à réhabiliter la figure historique du philosophe antique. Ce double discours s’explique par des usages différents de ces deux figures (la construction fictive de l’hérétique, la recherche philologique du vrai Épicure).
En réalité, la représentation de l’épicurien en archi-hérétique n’est pas une construction médiévale ; elle est née au iie siècle, dans les polémiques entre juifs, chrétiens et païens dans les confins orientaux de l’Empire romain. À l’époque, les épicuriens étaient encore actifs dans l’arc qui va de l’actuelle Turquie à l’Égypte, là où se trouvaient les premières sectes chrétiennes rivalisant entre elles pour définir l’orthodoxie. En même temps qu’était inventée l’idée d’hérésie, on associait les hérésies chrétiennes à des sectes philosophiques, jusqu’à parfois faire de l’épicurien l’hérétique
par antonomase. Le Moyen Âge a donc hérité des catégories forgées dans l’apologétique et l’hérésiologie juives et chrétiennes et on en retrouve aussi les traces dans la théologie islamique. J’essayerai donc de définir la spécificité de l’usage qui en était fait au Moyen Âge, en insistant sur
ce que j’appelle « le portrait biblique » d’Épicure. Dans un second temps, je présenterai l’image plus positive d’Épicure à travers un autre dossier important, celui des recueils de « Vies de philosophes » qui (re)fleurissent à partir du xiiie siècle. On y trouve, bien avant la traduction latine de Diogène Laërce, des Vies d’Épicure, dont certaines le présentent comme un modèle de sagesse pour les chrétiens.
Informations pratiques
Métro ligne 14, bibliothèque François Mitterrand
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