Psychiatre et neuroscientifique reconnu, Boris Chaumette œuvre au développement d’une évolution médicale majeure : la psychiatrie de précision. Sa sélection au programme franco-britannique Young Leaders 2025 met en lumière l’excellence de ses travaux et constitue une belle opportunité de faire rayonner la recherche en santé mentale.

La médecine, un rêve d’enfant devenu vocation
« J’ai toujours eu envie de faire de la recherche en médecine car, à l’école primaire, j’avais du mal à comprendre pourquoi on n’arrivait pas à guérir certaines maladies. », se souvient le Dr Boris Chaumette.
Le Dr Boris Chaumette est psychiatre et neuroscientifique, spécialisé en génétique et épigénétique des troubles psychiatriques. Diplômé du prestigieux programme École de l’INSERM-Liliane Bettencourt, il a obtenu son doctorat en neurobiologie à Paris et son doctorat en médecine avec une spécialisation en psychiatrie à Rouen en 2016. Après un postdoctorat de deux ans à l’Université McGill au Canada, il a été sélectionné pour le très compétitif programme CCA-INSERM-Bettencourt et est rentré à Paris.
Depuis 2019, il dirige un Centre de référence pour les maladies rares à expression psychiatrique. Il est maître de conférences à l’Université Paris Cité, psychiatre à l’hôpital Sainte-Anne, et chercheur à l’INSERM et à l’Institut Pasteur.
« La psychiatrie est peu choisie par les étudiantes et étudiants, alors qu’il reste tant de choses à découvrir sur le cerveau. C’est une spécialité magnifique où l’on peut aider les patients tout en y trouvant des terrains de jeu intéressants pour la recherche comme pour l’innovation ! », ajoute Boris Chaumette.
Entre recherche et clinique : un équilibre au service de la psychiatrie
À la fois chercheur et médecin, Boris Chaumette évolue entre le laboratoire et l’hôpital. Cette double casquette nourrit une approche bilatérale : le laboratoire apporte des réponses aux soins et les soins, de leur côté, alimentent les réflexions scientifiques. Les recherches de Boris Chaumette s’articulent autour de deux grands axes. Le premier consiste à identifier de nouveaux variants génétiques chez des patients sans diagnostic, en développant de nouvelles techniques de biologie moléculaire, afin d’augmenter le nombre de diagnostics génétiques posés. Le second vise à adapter les traitements, en tenant compte des caractéristiques biologiques propres à chaque patient diagnostiqué. L’objectif est de dépasser les catégories cliniques encore trop générales pour proposer des thérapies plus personnalisées et plus efficaces.
« L’idée, c’est d’arriver à prescrire le bon traitement pour le bon patient, à la bonne dose et au bon moment. », affirme Boris Chaumette.
C’est tout l’enjeu de la psychiatrie de précision, soutenue notamment par le PEPR PROPSY, programme de recherche doté d’un budget de 80 millions d’euros sur 7 ans, alloué dans le cadre du plan d’investissement France 2030. En lien avec l’Inserm, le CNRS et la Fondation FondaMental, Boris Chaumette y pilote le développement de la biologie moléculaire.
« L’objectif est d’essayer de trouver des catégories de patients qui sont plus homogènes sur le plan biologique pour pouvoir personnaliser les traitements et soigner de manière plus spécifique. Pour l’instant, les patients sont catégorisés selon leur maladie : autisme, dépression, trouble bipolaire ou schizophrénie. Mais c’est possible que ces recherches fassent tomber les barrières entre les catégories diagnostiques. »
L’impact de l’environnement sur la santé mentale
Les travaux de Boris Chaumette s’ouvrent également à l’épigénétique : l’étude de l’influence de l’environnement sur l’expression des gènes. En effet, si la génétique joue un rôle fondamental dans les troubles psychiatriques, avec une héritabilité estimée à 80 % pour la schizophrénie ou l’autisme, l’environnement n’est pas en reste.
« Aujourd’hui, rien qu’avec une prise de sang, nous pouvons savoir si une personne est, ou a été, exposée au tabac par exemple. Ces marques laissées sur l’ADN nous laissent penser qu’il est possible de détecter l’effet de l’environnement sur l’expression des gènes, en lien avec les pathologies psychiatriques. », explique le Dr Boris Chaumette.
Cette approche offre de nouvelles perspectives préventives pour réduire le risque d’apparition de certaines maladies psychiatriques telles que la schizophrénie.
« Une personne présentant un risque génétique accru a tout intérêt à éviter la consommation de substances psychoactives, comme le cannabis, qui est aujourd’hui reconnu comme un grand pourvoyeur de la schizophrénie. L’évitement du cannabis forme donc un levier de prévention accessible et efficace. »
La santé mentale comme enjeu politique et sociétal
Membre du programme Young Leaders du conseil franco-britannique depuis juin 2025, Boris Chaumette défend une vision transversale de la santé mentale, impliquant monde politique, scientifique et économique. Alors que la santé mentale est désignée Grande cause nationale en 2025, il appelle à une mobilisation collective et durable.
Aujourd’hui, les maladies psychiques demeurent trop souvent un sujet tabou, entouré de stigmatisation. Cela conduit de nombreuses personnes à éviter les consultations psychiatriques, alors même que la santé mentale est une composante essentielle de notre santé globale. Il existe ainsi un véritable enjeu à démystifier les maladies psychiatriques, à les expliquer et à comprendre qu’il s’agit de maladies biologiques au même titre que les autres.
Au quotidien, le neuroscientifique s’engage auprès d’associations comme Positive Minders et dans des actions de vulgarisation avec l’Institut Robert-Debré du Cerveau de l’Enfant. Il y explique ses recherches sur le neurodéveloppement et forme le grand public à la compréhension des différentes maladies psychiatriques, dans l’objectif de combattre les fausses informations et de favoriser une meilleure prise en charge.
« Les chercheuses, chercheurs et médecins ne peuvent plus être cantonnés au laboratoire ou à l’hôpital. Je m’adresse à l’ensemble de mes collègues : n’hésitez pas à prendre la parole ! La science doit éclairer les décisions publiques. », conclut Boris Chaumette.
Les dispositifs d’aide à l'Université Paris Cité
Compte tenu de l’importance non négligeable des questions de santé mentale en population étudiante, il est nécessaire d’améliorer la détection et la prise en charge des difficultés psychiques pour cette population.
L’Université Paris Cité s’est investie dans la prise en charge des troubles psychiques de ses étudiants et a mis en place un Pôle d’Orientation et de Prévention Psychologique pour les étudiants en Santé. Les étudiantes et étudiants ont également accès au Service de Santé Etudiante de l’université. Enfin, ils peuvent faire appel à un grand nombre d’organismes partenaires pour être pris en charge ou bénéficier d’une oreille attentive, consultable sur la page Besoin d’une aide psychologique ?
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