Les équipes de l’hôpital Saint-Louis AP-HP, de l’hôpital Saint-Antoine AP-HP, d’Université Paris Cité, de Sorbonne Université, et de l’Inserm, coordonnées par Judith Leblanc, le Pr Anne-Claude Crémieux et le Pr Jérôme Le Goff, ont évalué l’intérêt d’un dépistage intensifié du SARS-CoV-2 par les équipes infirmières dans les services d’urgences d’Île-de-France.

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Avant la mise à disposition du vaccin, l’identification des personnes porteuses du virus SARS-CoV-2 et leur isolement étaient des mesures essentielles pour contrôler l’épidémie, mais rendues difficiles par la part importante de personnes asymptomatiques ou paucisymptomatiques (présentant peu de symptômes). Une stratégie possible pour réduire l’impact de l’épidémie était de proposer un dépistage à l’occasion d’une consultation et notamment dans les services d’urgences mais aucune étude n’en avait évalué l’intérêt. L’évaluation du dépistage est pourtant essentielle pour identifier les stratégies appropriées et tirer d’éventuelles leçons pour d’autres virus émergents respiratoires.
L’objectif de l’essai DEPIST-COVID était donc d’étudier l’intérêt d’un dépistage intensifié du SARS-CoV-2 associant le dépistage par les équipes infirmières des patients adultes asymptomatiques et paucisymptomatiques à la pratique habituelle (dépistage des patients symptomatiques ou hospitalisés), comparativement à la pratique habituelle seule.
L’étude, réalisée de février à mai 2021 à la suite de l’obtention du label priorité nationale (REACTing, CAP-NET), a inclus 138 352 patients dans 18 services d’urgences d’Île-de-France.
Pendant la période avec dépistage intensifié, 4 283 patients asymptomatiques / paucisymptomatiques ont été dépistés, ce qui a conduit à 224 nouveaux diagnostics. Au total, en tenant compte de la pratique habituelle de dépistage des patients symptomatiques ou hospitalisés, le dépistage intensifié a conduit à 26,7 nouveaux diagnostics/1 000 patients contre 26,2/1 000 avec la pratique habituelle (risque relatif : 1,02 ; IC95 % : 0,94-1,11), suggérant qu’il était peu probable que le dépistage intensifié apporte un bénéfice substantiel à la détection des infections SARS-CoV-2.
L’intérêt de l’étude était aussi d’améliorer l’accès au dépistage de populations qui pouvaient être plus exposées au risque d’infection et moins dépistées. La proportion de nouveaux diagnostics parmi les patients asymptomatiques / paucisymptomatiques des services d’urgences s’est avérée plus élevée que celle observée au niveau régional par le dépistage en population générale (5,2 % et 4,6 %, différence de risque : 0,6 % ; IC95 % : 0,01 % -1,3 %). La population des services d’urgences paraissait plus touchée par le SARS-CoV-2. L’intensification du dépistage dans ces services pourrait donner accès à une large population incluant des groupes plus exposés.
Les limites de ce travail résident dans le fait qu’il a été mené dans un contexte épidémiologique très fluctuant marqué par une vague pandémique associée à un confinement et que le dépistage extrahospitalier a été rendu très accessible au cours de la période d’étude, ce qui a pu réduire l’impact de l’intervention. Ceci souligne la nécessité d’explorer davantage les stratégies de détection du SARS-CoV-2 et des virus respiratoires transmis de manière asymptomatique afin de mieux définir le rôle d’observatoire des services d’urgences lors d’épidémies émergentes.
Cette étude a été promue par l’AP-HP, financée par l’ANRS – Maladies infectieuses émergentes et la région Île-de-France et a été réalisée avec l’aide de la plateforme de recherche clinique de l’est parisien du Pr Tabassome Simon et de la FHU IMPEC.
Références
Intensified screening for SARS-CoV-2 in 18 emergency departments in the Paris metropolitan area, France (DEPIST-COVID): A cluster-randomized, two-period, crossover trial – PLOS MEDICINE
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